Voici un article pour expliquer comment j’appréhende les séances que je prépare et que je conduis au profit des membres des maisons ATHOS.
Organiser une séance de pêche pour des membres ATHOS c’est avant tout un travail de préparation intellectuelle. Impossible de savoir avec certitude le nombre de participants et encore moins leurs identités.
Il faut malgré tout être capable de concevoir un programme qui conviendra. Quelque soit le nombre de participants, leur connaissance de la pêche de loisir, leur intérêt initial pour la pêche. Mais dès lors, comment plaire?
Si la partie de pêche seule n’est pas gage de réussite, quels vont être les atouts de ma séance? Je vais passer une journée et demie avec eux. Je n’aurai peut-être même pas les mêmes participants sur les deux journées!
J’étudie les possibilités pêche aux alentours, des trajets trop longs peuvent être rédhibitoires. Le staff me briefe. J’ai besoin de conseils : qu’est-ce qui marche à priori, ce qu’il ne faut pas faire ou dire.
Un constat: si le courant ne passe pas entre les membres et moi, peu de chances que ma séance plaise. Mon approche est donc la suivante: nous avons en commun d’avoir servi notre pays, en plus, nous avons connu les opérations extérieures. Sans avoir besoin d’en faire état, c’est un ensemble de valeurs qui nous anime. Ces valeurs communes à tous ceux qui servent ou ont servi : la camaraderie, l’esprit de corps, la solidarité, l’abnégation. Je vais donc être un camarade, un frère d’armes. Un costume que je revêts sans difficulté car c’est ce qui motive mon projet!
Choisir le bon thème pêche
Je pense qu’il ne faut pas que je tombe dans la facilité en proposant des activités trop similaires. En proposant des activités variées à chacun de mes déplacements, je peux en outre séduire de nouveaux membres qui n’ont peut-être jamais pêché.
Le thème que je vais choisir est un fil rouge. Les ateliers que je vais monter lors de la première journée doivent amener les membres ATHOS à être le plus à l’aise possible lors de la journée de pêche.
Découvrir la pêche au coup.
Pêche à la grande canne
A l’aide d’une canne de 11,50 mètres, attraper des indices grâce à un petit aimant au bout de la ligne. Le pêcheur est confortablement assis sur un siège de pêche, face à un terrain de pétanque!
Des énigmes aussi, pour inciter à la réflexion, au travail en équipe. Il faut réussir à les attraper en déposant l’aimant dans un bocal où se trouve l’indice.
Voici des ateliers ludiques pour apprendre sans avoir l’air, je les valide!
La pêche au coup est aussi une technique de pêche basique. Plusieurs niveaux de technicité existent, il faut choisir le bon fonction de la période de l’année, du site de pêche, du niveau de pratique des membres.
Les photos utilisées ici ont été prises lors d’animations au profit de la maison ATHOS d’Auray (56).
La pêche au coup c’est aussi d’autres techniques, plus simples mais peut-être aussi plus difficiles. On ne fait pas toujours appel aux mêmes aptitudes: dextérité, psychomotricité, précision.
Le mieux est de pouvoir proposer plusieurs techniques pendant la journée de pêche avec un impératif, rester maître de la séance. Surtout ne pas se faire déborder par des comportements risquant de mettre la sécurité en jeu.
Rester attentif, mais discret, surtout si ce qu’ils veulent c’est profiter de l’instant, plus que du moniteur!
Pêche au method feeder
Et si on essayait le method feeder, cette technique anglaise qui marche très fort?
Le montage est très simple.
La difficulté : savoir lancer une ligne avec une canne équipée d’un moulinet, c’est tout.
Le reste, c’est l’affaire du moniteur guide de pêche. Et je peux même lancer les lignes si c’est un point bloquant.
Validé!
Et si ça se passe bien… Alors nous verrons peut-être beaucoup de poissons 🙂
Traquer les carnassiers au leurre.
Pour préparer une telle activité, il faut dispenser un minimum de savoir pour éviter que la partie de pêche soit ennuyeuse, voire pire, stressante pour les participants. Ils recherchent avant tout un moment au bord de l’eau ou sur l’eau. C’est un point essentiel que je dois avoir en tête. Ne pas -trop- me passionner, ils ne sont pas aussi mordus que moi!
Malgré tout, je ne peux pas les envoyer pêcher sans leur donner un minimum de connaissances. C’est peut-être un des points les plus délicats à traiter.
Je prévois donc de montrer les leurres, les caractéristiques, leur nage, l’animation… Pas facile de ne pas tomber dans une démonstration un peu longue, trop technique… Lors d’une séance, j’ai commis cette erreur, un débriefing m’a permis d’en prendre conscience. Je ne referai pas l’erreur, je leur donnerai plus d’autonomie et de temps comme acteurs de la séance.
Ensuite, je ferai en conduite. Si vraiment des conseils supplémentaires sont nécessaires, je les dispenserai, sinon, on s’en passera.
Pour prétendre réussir un programme de pêche des carnassiers au leurre il faut donc une vraie préparation, mais j’estime que le jeu en vaut la chandelle.
Pêcher la truite!
En ce début janvier 2025, je n’ai pas encore proposé ce sujet. Mes activités ont débuté il y a moins d’un an. Je suis en train de concevoir des ateliers pour amener mes camarades à taquiner la truite au printemps. L’ouverture 2025 est l’occasion de leur préparer des ateliers et une sortie sur des cours d’eau de première catégorie.
Comme toujours, il faut leur donner envie de découvrir mais sans leur mettre de pression. Qu’importe si les poissons ne sont pas au rendez-vous, il faut leur permettre de profiter des moments au bord de l’eau.
Pêcher la truite, c’est avant tout une promenade au bord de l’eau. Observation, discrétion, analyse, précision… Le programme est donc très vaste!
Lorsqu’ils seront dans ce genre de situation, ils pourront se recentrer sur eux-mêmes.
Observer la Nature et plus spécialement l’eau est un absorbeur de stress.
Imaginer un scénario pêche
Dans le passé, il existait un processus pour préparer une unité à être évaluée. Cela s’appelait le Processus des Missions Globales. J’ai été tellement bercé avec ce PMG que je ne peux l’oublier, d’autant que désormais je lui trouve un intérêt! Il se décline en étapes d’entrainement et de restitutions partielles, intermédiaires. Il prend également en considération des données essentielles. Les connaissances initiales de l’instructeur, les moyens dont il dispose, le temps imparti, le sujet de l’évaluation, etc. font partie du point initial.
L’activité pêche du jour 2 est le sujet. Je dois à partir de là, « dérouler la chaussette » pour imaginer les ateliers du premier jour, et ensuite, préparer mon matériel, créer mes outils pédagogiques.
En conséquence, je m’y prends plusieurs semaines à l’avance. En effet, on ne choisit pas quand les idées arrivent. Dès lors que des dates sont arrêtées, je réfléchis aux activités, surtout en fonction du moment de l’année. Quels types de pêche sont possibles (dates d’ouverture), quels poissons sont actifs?
Les soutiens extérieurs
Je ne peux pas organiser des activités pêche sans faire appel à des organismes extérieurs.
Les fédérations départementales de pêche (merci à la fédération de pêche du Morbihan, soutien de la première heure!) et les associations agrées de pêche et de protection du milieu aquatique (AAPPMA) sont les gardiens des eaux publiques en France.
A ce titre, j’ai pour habitude de me présenter à elles avant mes activités. Elles me fournissent des autorisations de pêche qui nous évitent de devoir payer des cartes de pêche. Celles-ci finiraient par coûter cher.
Elles me fournissent aussi de précieuses informations sur les sites à privilégier pour leur facilité d’accès, leur quiétude, la densité de poissons.
Je fais également appel aux réseaux professionnels: magasins d’articles de pêche, fabricants, distributeurs, importateurs d’équipements et d’articles de pêche. Leur soutien est essentiel et par la force des choses, désintéressé. En effet, il n’est pas concevable de chercher à se faire de la publicité en utilisant la situation de filles et de gars qui essaient de se reconstruire.
Je n’ai donc pas de sponsors, plutôt des mécènes. Pas de hashtags de marque dans mes publications relatives aux activités ATHOS que vous ne retrouvez d’ailleurs quasiment que sur mon compte LinkedIn.
Je remercie ici tous ceux qui apportent leur soutien à mon projet, sans même vous en apercevoir, en m’aidant, vous aidez ceux qui ont servi la France.
Adapter les activités
Finalement, le titre de ce paragraphe n’est peut-être pas adapté. Car c’est plutôt moi qui devrais m’adapter.
Souple sur les pattes arrières dirait-on dans le jargon militaire!
Le nombre de membres, la saison, la météo du jour, que puis-je y faire? Rien!
La durée de la prestation est définie avec le directeur de la maison, un point particulier auquel j’ai déjà été confronté. Les membres les plus mordus de pêche pourraient en effet ressentir une frustration en participant à une partie de pêche jugée trop courte à leurs yeux.
Il faudrait alors que je parvienne à leur faire comprendre que les horaires sont définis, que l’improvisation n’a pas la place dans le programme.
Conclusion
Finalement, une animation au profit de membres d’une maison ATHOS est un iceberg de pédagogie. La journée et demie que je passe avec eux n’est qu’une infime partie du processus. Dans le programme du PMG que j’évoque plus haut, ce pourrait être assimilé à la restitution finale, l’épreuve opérationnelle en quelque sorte. La sentence est le degré de satisfaction ressenti par les participants. Ils sont débriefés après les séances et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont directs!
Je ne vis pas cela comme une contrainte, au contraire. Le travail en amont, la conception des ateliers, les prises de contacts font partie du processus. Toutes les phases de la préparation sont importantes et valorisantes.
C’est très intéressant et super complet
J’envie les futurs participants, ils vont se régaler, avec un guide compétent et hyper motivé
Bravo
Merci pour les compliments Didier, ça me fait plaisir!